Derniers sujets
Rechercher
Les posteurs les plus actifs de la semaine
Aucun utilisateur |
La genèse de la Genèse par Marc-Alain Ouaknin
Page 1 sur 1
La genèse de la Genèse par Marc-Alain Ouaknin
"Je suis athée, Dieu merci!" aime dire Marc-Alain Ouaknin avec humour. Rabbin, philosophe, traducteur de la Bible, il partage sa passion pour la traduction et l'interprétation des textes.
à l'occasion d'un article sur une nouvelle traduction dont il est l'auteur, il donne un éclairage intéressant sur les conditions de la rédaction des premiers chapitres de la Bible.
l'article complet est réservé aux abonnés mais l'extrait publié est déjà intéressant.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
à l'occasion d'un article sur une nouvelle traduction dont il est l'auteur, il donne un éclairage intéressant sur les conditions de la rédaction des premiers chapitres de la Bible.
l'article complet est réservé aux abonnés mais l'extrait publié est déjà intéressant.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
rosarum- Messages : 159
Points : 201
Réputation : 0
Date d'inscription : 04/06/2019
Re: La genèse de la Genèse par Marc-Alain Ouaknin
À la fois livre d'art et nouvelle traduction, votre Genèse de la Genèse revisite le premier livre de la Bible. Mais pourquoi vous en tenir aux 11 premiers chapitres ?
Ces 11 premiers chapitres forment un ensemble cohérent. C'est la partie babylonienne de la Genèse, très différente des deux autres, qui racontent l'histoire des patriarches, puis le cycle de Joseph. Elle s'inscrit dans un contexte précis. En 536 avant notre ère, l'empereur perse Cyrus autorise les Judéens à quitter leur exil pour aller reconstruire le Temple de Jérusalem. Or, la plupart d'entre eux, non assimilés mais parfaitement intégrés, se sentent tellement bien en Babylonie qu'ils choisissent d'y rester. Presque un siècle après, en 450, le scribe Esdras veut donner au peuple le désir de retourner sur la terre de ses ancêtres. Esdras, que l'on nomme aussi Ezra, construit la nation en écrivant un ensemble de livres qui donne aux Judéens envie de retourner en terre de Judée. C'est la Torah, le Pentateuque, autrement dit les cinq premiers ouvrages qui composent la Bible. Dans cet ensemble, les 11 premiers chapitres du premier livre sont comme une signature.
Vous faites d'un livre anonyme, la Genèse, celui d'un homme. Auriez-vous trouvé l'auteur de la Bible ?
La Bible ne commence pas par les mots d'un dieu qui dirait « Bonjour, je m'appelle Dieu, ce que vous allez lire est une révélation, et je vais maintenant vous expliquer comment j'ai créé le ciel et la terre... » La Genèse ne dit pas « Au commencement, moi, Dieu, j'ai créé... », mais « Au commencement, Dieu créa ». On nous indique d'emblée que Dieu n'a pas écrit ce texte. Il y a donc bien un narrateur. Qui est cet homme, qui parsème le texte qu'il est en train de produire de clins d'oeil à ce qu'il pense au moment même ? À la lecture de deux autres livres bibliques, Esdras et Néhémie, qui racontent le retour des Judéens à Jérusalem, je pense qu'il s'agit d'Esdras. Esdras n'est pas l'inventeur de la Genèse, mais il en est le rédacteur, à partir de traditions orales et de manuscrits existants. Il reprend des histoires, comme celle de Gilgamesh, pour en livrer sa propre version. La Bible traduit en hébreu des mythes mésopotamiens, écrits en sumérien ou en akkadien. Génie de la littérature, de la philosophie et de la poésie, Esdras semble s'appuyer sur le programme des manuels scolaires des écoles babyloniennes - c'est mon hypothèse -, où l'on enseignait l'arithmétique et la géométrie, la littérature, l'histoire et la géographie. Il utilise l'horizon mental de ses contemporains pour leur dire quelque chose de nouveau. Surtout, il écrit dans un nouvel alphabet. L'invention de cette écriture est, selon le Talmud, un événement aussi important que la montée de Moïse au Sinaï, où il reçoit les tables de la Loi
À vous entendre, la Babylonie prend une importance essentielle, fondatrice. L'exil, pourtant, est censé être un mauvais souvenir...
Vous faites allusion au psaume : « Sur les rives du fleuve de Babylone nous étions assis et nous pleurions. » Mais les Judéens ne devaient pas tous être si malheureux que ça, puisque les quatre cinquièmes d'entre eux sont restés en exil. En fait, ils n'ont même jamais quitté la Babylonie ! La preuve de la persistance et de l'importance de ces communautés, pendant au moins 1 000 ans, n'est autre que le Talmud lui-même. En Judée, les maîtres parlaient hébreu, et c'est en hébreu qu'ils ont écrit la Mishna, l'autre grand corpus du judaïsme. Mais on ne trouve pas beaucoup de mots d'hébreu dans le Talmud, en dehors des citations bibliques. Ce texte, qui fonde le judaïsme actuel, ne s'appelle pas pour rien Talmud de Babylone. Il n'aurait pas été écrit de la même façon s'il n'y avait pas eu des communautés structurées, des...
Ces 11 premiers chapitres forment un ensemble cohérent. C'est la partie babylonienne de la Genèse, très différente des deux autres, qui racontent l'histoire des patriarches, puis le cycle de Joseph. Elle s'inscrit dans un contexte précis. En 536 avant notre ère, l'empereur perse Cyrus autorise les Judéens à quitter leur exil pour aller reconstruire le Temple de Jérusalem. Or, la plupart d'entre eux, non assimilés mais parfaitement intégrés, se sentent tellement bien en Babylonie qu'ils choisissent d'y rester. Presque un siècle après, en 450, le scribe Esdras veut donner au peuple le désir de retourner sur la terre de ses ancêtres. Esdras, que l'on nomme aussi Ezra, construit la nation en écrivant un ensemble de livres qui donne aux Judéens envie de retourner en terre de Judée. C'est la Torah, le Pentateuque, autrement dit les cinq premiers ouvrages qui composent la Bible. Dans cet ensemble, les 11 premiers chapitres du premier livre sont comme une signature.
Vous faites d'un livre anonyme, la Genèse, celui d'un homme. Auriez-vous trouvé l'auteur de la Bible ?
La Bible ne commence pas par les mots d'un dieu qui dirait « Bonjour, je m'appelle Dieu, ce que vous allez lire est une révélation, et je vais maintenant vous expliquer comment j'ai créé le ciel et la terre... » La Genèse ne dit pas « Au commencement, moi, Dieu, j'ai créé... », mais « Au commencement, Dieu créa ». On nous indique d'emblée que Dieu n'a pas écrit ce texte. Il y a donc bien un narrateur. Qui est cet homme, qui parsème le texte qu'il est en train de produire de clins d'oeil à ce qu'il pense au moment même ? À la lecture de deux autres livres bibliques, Esdras et Néhémie, qui racontent le retour des Judéens à Jérusalem, je pense qu'il s'agit d'Esdras. Esdras n'est pas l'inventeur de la Genèse, mais il en est le rédacteur, à partir de traditions orales et de manuscrits existants. Il reprend des histoires, comme celle de Gilgamesh, pour en livrer sa propre version. La Bible traduit en hébreu des mythes mésopotamiens, écrits en sumérien ou en akkadien. Génie de la littérature, de la philosophie et de la poésie, Esdras semble s'appuyer sur le programme des manuels scolaires des écoles babyloniennes - c'est mon hypothèse -, où l'on enseignait l'arithmétique et la géométrie, la littérature, l'histoire et la géographie. Il utilise l'horizon mental de ses contemporains pour leur dire quelque chose de nouveau. Surtout, il écrit dans un nouvel alphabet. L'invention de cette écriture est, selon le Talmud, un événement aussi important que la montée de Moïse au Sinaï, où il reçoit les tables de la Loi
À vous entendre, la Babylonie prend une importance essentielle, fondatrice. L'exil, pourtant, est censé être un mauvais souvenir...
Vous faites allusion au psaume : « Sur les rives du fleuve de Babylone nous étions assis et nous pleurions. » Mais les Judéens ne devaient pas tous être si malheureux que ça, puisque les quatre cinquièmes d'entre eux sont restés en exil. En fait, ils n'ont même jamais quitté la Babylonie ! La preuve de la persistance et de l'importance de ces communautés, pendant au moins 1 000 ans, n'est autre que le Talmud lui-même. En Judée, les maîtres parlaient hébreu, et c'est en hébreu qu'ils ont écrit la Mishna, l'autre grand corpus du judaïsme. Mais on ne trouve pas beaucoup de mots d'hébreu dans le Talmud, en dehors des citations bibliques. Ce texte, qui fonde le judaïsme actuel, ne s'appelle pas pour rien Talmud de Babylone. Il n'aurait pas été écrit de la même façon s'il n'y avait pas eu des communautés structurées, des...
rosarum- Messages : 159
Points : 201
Réputation : 0
Date d'inscription : 04/06/2019
Sujets similaires
» Adam et la désignation du nom des animaux (Genèse, Coran, Midrash)
» Face à Face : Éric Zemmour - Alain Bauer
» Face à Face : Éric Zemmour - Alain Bauer
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Mar 22 Aoû 2023 - 4:16 par jezcan14
» La Renaissance Sunnite
Dim 20 Aoû 2023 - 6:14 par jezcan14
» Les jinn des historiens.
Dim 20 Aoû 2023 - 4:52 par jezcan14
» Qui serait intéressé à reprendre ce forum ?
Lun 14 Aoû 2023 - 18:38 par Anoushirvan
» Problèmes perso
Jeu 2 Mar 2023 - 15:50 par rosarum
» La Bible en araméen
Lun 14 Nov 2022 - 20:19 par rosarum
» À Jérusalem, les carnets de Monsieur Chouchani révélés
Mer 15 Juin 2022 - 7:29 par Disciple Laïc
» Pourquoi divers courants religieux dans l'Islam ?
Jeu 2 Juin 2022 - 3:43 par jezcan14
» Une nécropole antique et paléochrétienne à Autun
Lun 9 Mai 2022 - 20:52 par Disciple Laïc