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Qui dirige à Médine ? Revenir à l’histoire.
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Qui dirige à Médine ? Revenir à l’histoire.
Si on cherche à lire sans idées préconçues un verset comme celui de 63, 7 on ne peut que se poser des questions sur le sujet de la gestion du pouvoir dans l'oasis médinoise du temps de Muhammad.
Lire sans idées préconçues, ni pour ni contre, simplement en essayant de comprendre la réalité d'un terrain c'est le travail de l'historien et celui de l'anthropologue.
La lecture qui pratique les méthodes de l'anthropologie historique a pour objet de travailler sur le texte tel qu'il se dit, sans ajouter des mots qui ne s'y trouvent pas, en rapportant le texte à son contexte sociétal particulier et sans déborder de celui-ci.
C'est en travaillant de cette façon que l'on peut distinguer le vraisemblable d'une situation du passé de l'invraisembable de ce qui se dit à propos de cette situation.
le vraisemblable c'est ce qui permet de penser qu'on est en présence d'une situation qui a pu réellement se produire au moment et dans le lieu où le texte que l'on étudie dit cette situation.
l'invraisemblable c'est ce dont on peut considérer que la réalité de ce qui se serait passé était impensable, de la manière dont on l'interprète postérieurement.
Quand les exégètes et les historiographes du 9 e siècle traitent du 7 e siècle à La Mekke ou à Médine, ils peuvent produire du vraisemblable que l'historien d'aujourd'hui peut utiliser.
Mais ils peuvent aussi produire de l'invraisemblable pour répondre aux enjeux de mentalité, de croyance, aussi bien que de politique de leur époque.
C'est le cas notamment quand il s'agit de la personne de Muhammad qui devient une figure de plus en plus vénérée et intouchable dans la religion de ce qui est devenu un empire.
C'est à partir de l'époque abbaside que la nouvelle société impériale fabrique - pour ne pas dire invente - pour ses besoins propres de légitimation et d'intégration ce qu'on pourrait appeler une idéologie prophétique dont les effets existent d'ailleurs, sous des formes diverses et souvent très problématiques, et cela jusqu'à aujourd'hui
Au contraire, en tant que tel, le Coran nous parle d'une époque où Muhammad était encore un homme qui ne pouvait échapper en rien à la réalité de son époque.
Il ne pouvait échapper aux contraintes sociétales, aux rapports de force et aux enjeux de son époque
C'est exactement ce que nous permet de comprendre un verset comme celui de 63, 7
Le texte de ce verset s'exprime de façon très brutale. Je cite le texte du début du verset :
"Ils disent : lorsque nous serons revenus à Médine, nous jurons bien que le puissant en expulsera le faible"
yaqûlûn : la'in radja'nâ ilâ -l-madîna la-yukhridjanna al-a'azz mi-hâ al-adhall.
Dans ce cas, le terme adhall, "le faible" désigne le "sans statut" celui qui n'appartient pas à un clan de l'oasis.
Il s'agit donc de Muhammad et de ses partisans venus de l'extérieur de l'oasis.
D'un point de vue strictement historique et en contexte, ce passage reflète un réel tribal criant.
Il nous renvoie non à la religion mais à des rapports de force politiques qu'il faut décrypter en fonction de la réalité d'une situation et de ra pports de force politiques en contexte.
Cela nous conduit à nous interroger sur la position de Muhammad et des siens, à Médine, face aux chefs de clan locaux
Muhammad a-t-il été d'emblée le prophète reconnu et attendu de la grande oasis ?
Muhammad a-t-il été un chef incontesté et obéi ?
Historiquement, nous ne pouvons répondre que par la négative.
Cela nous amène évidemment à reconsidérer la manière d'aborder le passé.
C'est une histoire humaine qu'il nous faut écrire pour retrouver la réalité de ce passé.
Il faut bien constater que, pour le moment, cette histoire n'est que très partiellement connue.
Elle est largement à redécouvrir.
Le verset de 63, 7 est également très intéressant d'un autre point de vue.
Il est intéressant pour comprendre comment les hommes des siècles postérieurs qui sont devenus les adeptes d'une figure vénérée de prophète de plus en plus intouchable ont interprété la brutalité sans fard de ce verset.
Plusieurs explications, souvent contradictoires entre elles, sont données, aussi bien dans la sîra que chez les historiographes ou les exégètes d'époque abbaside.
L'une des plus invraisemblables de ces interprétations va imaginer que le propre fils de ce celui qui est installé dans un rôle d'adversaire principal de Muhammad va proposer à celui-ci de tuer son propre père ce que le prophète magnanime va évidemment refuser.
Raconter ce type d'histoire au 9 e siècle, c'est une manière d'effacer le passé vécu d'une société dans laquelle on ne vit plus et que l'on ne comprend plus.
C'est aussi d'une certaine façon l'invention du blasphème que le Coran, aussi bien que la société du 7e siècle, ignoraient totalement.
Lire sans idées préconçues, ni pour ni contre, simplement en essayant de comprendre la réalité d'un terrain c'est le travail de l'historien et celui de l'anthropologue.
La lecture qui pratique les méthodes de l'anthropologie historique a pour objet de travailler sur le texte tel qu'il se dit, sans ajouter des mots qui ne s'y trouvent pas, en rapportant le texte à son contexte sociétal particulier et sans déborder de celui-ci.
C'est en travaillant de cette façon que l'on peut distinguer le vraisemblable d'une situation du passé de l'invraisembable de ce qui se dit à propos de cette situation.
le vraisemblable c'est ce qui permet de penser qu'on est en présence d'une situation qui a pu réellement se produire au moment et dans le lieu où le texte que l'on étudie dit cette situation.
l'invraisemblable c'est ce dont on peut considérer que la réalité de ce qui se serait passé était impensable, de la manière dont on l'interprète postérieurement.
Quand les exégètes et les historiographes du 9 e siècle traitent du 7 e siècle à La Mekke ou à Médine, ils peuvent produire du vraisemblable que l'historien d'aujourd'hui peut utiliser.
Mais ils peuvent aussi produire de l'invraisemblable pour répondre aux enjeux de mentalité, de croyance, aussi bien que de politique de leur époque.
C'est le cas notamment quand il s'agit de la personne de Muhammad qui devient une figure de plus en plus vénérée et intouchable dans la religion de ce qui est devenu un empire.
C'est à partir de l'époque abbaside que la nouvelle société impériale fabrique - pour ne pas dire invente - pour ses besoins propres de légitimation et d'intégration ce qu'on pourrait appeler une idéologie prophétique dont les effets existent d'ailleurs, sous des formes diverses et souvent très problématiques, et cela jusqu'à aujourd'hui
Au contraire, en tant que tel, le Coran nous parle d'une époque où Muhammad était encore un homme qui ne pouvait échapper en rien à la réalité de son époque.
Il ne pouvait échapper aux contraintes sociétales, aux rapports de force et aux enjeux de son époque
C'est exactement ce que nous permet de comprendre un verset comme celui de 63, 7
Le texte de ce verset s'exprime de façon très brutale. Je cite le texte du début du verset :
"Ils disent : lorsque nous serons revenus à Médine, nous jurons bien que le puissant en expulsera le faible"
yaqûlûn : la'in radja'nâ ilâ -l-madîna la-yukhridjanna al-a'azz mi-hâ al-adhall.
Dans ce cas, le terme adhall, "le faible" désigne le "sans statut" celui qui n'appartient pas à un clan de l'oasis.
Il s'agit donc de Muhammad et de ses partisans venus de l'extérieur de l'oasis.
D'un point de vue strictement historique et en contexte, ce passage reflète un réel tribal criant.
Il nous renvoie non à la religion mais à des rapports de force politiques qu'il faut décrypter en fonction de la réalité d'une situation et de ra pports de force politiques en contexte.
Cela nous conduit à nous interroger sur la position de Muhammad et des siens, à Médine, face aux chefs de clan locaux
Muhammad a-t-il été d'emblée le prophète reconnu et attendu de la grande oasis ?
Muhammad a-t-il été un chef incontesté et obéi ?
Historiquement, nous ne pouvons répondre que par la négative.
Cela nous amène évidemment à reconsidérer la manière d'aborder le passé.
C'est une histoire humaine qu'il nous faut écrire pour retrouver la réalité de ce passé.
Il faut bien constater que, pour le moment, cette histoire n'est que très partiellement connue.
Elle est largement à redécouvrir.
Le verset de 63, 7 est également très intéressant d'un autre point de vue.
Il est intéressant pour comprendre comment les hommes des siècles postérieurs qui sont devenus les adeptes d'une figure vénérée de prophète de plus en plus intouchable ont interprété la brutalité sans fard de ce verset.
Plusieurs explications, souvent contradictoires entre elles, sont données, aussi bien dans la sîra que chez les historiographes ou les exégètes d'époque abbaside.
L'une des plus invraisemblables de ces interprétations va imaginer que le propre fils de ce celui qui est installé dans un rôle d'adversaire principal de Muhammad va proposer à celui-ci de tuer son propre père ce que le prophète magnanime va évidemment refuser.
Raconter ce type d'histoire au 9 e siècle, c'est une manière d'effacer le passé vécu d'une société dans laquelle on ne vit plus et que l'on ne comprend plus.
C'est aussi d'une certaine façon l'invention du blasphème que le Coran, aussi bien que la société du 7e siècle, ignoraient totalement.
Re: Qui dirige à Médine ? Revenir à l’histoire.
Je n'arrive pas bien à suivre son raisonnement.
Cette sourate parle des "hypocrites".
Il y aurait des choses à dire sur ces fameux hypocrites, voir ce sujet déjà ouvert sur ce thème : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], mais restons dans la lecture classique.
Dans le verset qu'elle cite (pour moi c'est 63.8 et non 63.7, mais elle utilise peut-être une autre lecture du Coran et il y a des décalages de numérotation de versets selon les lectures), les hypocrites ne sont plus à Médine, puisque le Coran rapporte leurs propos selon lesquels il projettent d'y revenir.
S'ils en avaient été expulsés, par exemple, par les partisans du prédicateur coranique, pourquoi tenteraient-ils de lui faire allégeance (verset 63.1) ?
Et du coup, qui est véritablement le "sans statut" ici ?
Cette sourate parle des "hypocrites".
Il y aurait des choses à dire sur ces fameux hypocrites, voir ce sujet déjà ouvert sur ce thème : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], mais restons dans la lecture classique.
Dans le verset qu'elle cite (pour moi c'est 63.8 et non 63.7, mais elle utilise peut-être une autre lecture du Coran et il y a des décalages de numérotation de versets selon les lectures), les hypocrites ne sont plus à Médine, puisque le Coran rapporte leurs propos selon lesquels il projettent d'y revenir.
S'ils en avaient été expulsés, par exemple, par les partisans du prédicateur coranique, pourquoi tenteraient-ils de lui faire allégeance (verset 63.1) ?
Et du coup, qui est véritablement le "sans statut" ici ?
Anoushirvan- Messages : 481
Points : 658
Réputation : 3
Date d'inscription : 16/05/2019
Re: Qui dirige à Médine ? Revenir à l’histoire.
Faut lui poser la question sur sa page YT. Elle réagit régulièrement aux questions qu'on lui pose.
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