Coran , tradition et procédé midrashique .

Je suis entrain de parcourir les tafasir concernant la Surat 95


95.1. Par le figuier et l'olivier,
95.2. par le mont Sinaï
95.3. et par cette cité sacrée !
95.4. En vérité, Nous avons doté l'homme, en le créant, de la forme la plus parfaite,
95.5. pour le ravaler ensuite au plus bas de l'échelle,
95.6. excepté ceux qui croient, font œuvre pie, et qui recevront une récompense qui ne sera jamais rappelée !
95.7. Comment peux-tu après cela douter encore du Jugement dernier?
95.8. Dieu n'est-Il pas le plus équitable des juges?





En parcourant les dires des salaf ( 3 premières générations) concernant le premier verset J'ai l'impression qu'on est face à un cas précis de méthode midrashique . 



Ibn Abbas : le figuier fait référence au cham alors que l'olive fait référence à Jerusalem.


Kaab al ahbar : le figuier c'est Damas alors , que l'olive c'est Jérusalem.

Qatada : le figuier c'est la montagne de Damas alors , que l'olive c'est la montagne de Jérusalem.



Bien-sûr d'autres salaf ont refusé cette interprétation c'est ce que rapell Tabari en disant que pour les arabes le figuier et l'olive fait uniquement référence aux fruits connu .

Je vois éventuellement un lien entre l'olivier et Jérusalem puisqu'il existe à Jérusalem un Mont des oliviers, mais pour le figuier je ne vois pas.
d'autre part quelle serait la cité sacrée ? Jérusalem ?

rosarum a écrit:Je vois éventuellement un lien entre l'olivier et Jérusalem puisqu'il existe à Jérusalem un Mont des oliviers, mais pour le figuier je ne vois pas.
d'autre part quelle serait la cité sacrée ? Jérusalem ?

De ce que J'ai lu ils l'interprétent tous comme étant la Mecque ce que m'a étonné puisque même pour les savants musulmans Jérusalem aurait été une interprétation tentante .

Dans le midrash, le figuier est l'une des multiples figurations de la loi, avec le pain, l'eau, le blé, la vigne, le vin, etc.
Voir [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Quant aux oliviers, ils sont étroitement associés au Messie, car en hébreu, une des valeurs guématriques du mot zeytim (oliviers) est 52, qui est un des nombres messianiques, voir [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

(Au passage, en arabe, il y a un jeu de mots dans ce verset : tun (figuier) / zaytun (olivier)).

Le Mont Sinaï évoqué au verset suivant est d'ailleurs le lieu où Moïse a reçu les tables de la Loi.

Quant à l'expression Hadhā Al-Baladi Al-'Amīni / "ce pays sûr" ou "cette cité sûre", je ne suis pas certain de savoir précisément ce que cela recouvre géographiquement.
Or dans la pensée juive, le Messie est le personnage qui, à la fin des temps, doit faire entrer l'humanité dans une ère de paix universelle, mais aussi restaurer Jérusalem et le Temple.

Le personnage du Messie est préfiguré à travers différents personnages de la tradition juive, par exemple Noé.
Or, justement, la fin de Déluge est signalée par une feuille d'olivier rapportée par la colombe : ce passage de l'histoire de Noé dans la Genèse est une élaboration typiquement midrashique sur l'avènement de l'ère messianique.

Il y a donc un parallèle figuier // Mont Sinaï // loi et olivier // ce pays sûr // ère de résurrection messianique.

bien que cela ne concerne pas le coran mais la tradition, on peut penser à un midrash au sujet du récit de la première révélation coranique.
le Dr Al Ajami montre ici que ce récit est une reconstruction  théologique à partir de plusieurs éléments puisés dans la Bible.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

(1) Lise Wajeman, La parole d'Adam, le corps d'Eve : le péché originel au xvie siècle, Librairie Droz, 2007.