Islam et lecture historique : la nécessité du terrain.

C'est bien pour cela qu'on a des archéologues, de terrain. Evidemment ils doivent chercher à comprendre ce qu'ils trouvent, parfois c'est évident, parfois non. Et c'est pourquoi, par exemple, actuellement l'archéologie en Israël détricote en grande partie le récit "mythique" ou "agiographique" biblique, en s'appuyant non sur de la foi mais sur des preuves matérielles qu'on ne peut nier ou sur de l'absence de preuves. Les conditions de construction des grandes pyramides égyptiennes ont aussi été revues au regard de l'archéologie. Les capacités de construction de sites monumentaux par des chasseurs cueilleurs ont été complètement revues après la découverte du site de Göbekli Tepi en Turquie (un site fascinant si vous ne connaissez pas) ainsi que la chronologie même de l'histoire religieuse humaine. Les archéologues eux ont de la matière sous les mains, ils ne peuvent en faire abstraction, ils sont obligés d'essayer de lui donner un sens : des corps, de la monnaie, des ruines de bâtiments, et même des écrits parfois très anciens. Qu'on pense à la découverte de l'épopée de Gilgamesh et à son impact sur le contenu biblique. Et les archéologues sont des équipes de gens aux connaissances complémentaires, qui cherchent ensemble à donner des réponses, à se rapprocher de la vérité de ce qui s'est passé. Si je pouvais revenir en arrière je réorienterais surement ma carrière vers l'archéologie de terrain, même si c'est physiquement éprouvant et demande une énorme patience.  


(C'est la même chose pour le bouddhisme : les récits du passé post vie du Bouddha historique  on dressé un portrait grandiose de cadre de vie du Bouddha dans son enfance et adolescence, de la richesse de son père, du coté somptueux des palais ce celui-ci etc... et les fouilles archéologiques modernes n'ont rien trouvé de tout cela, il a y a bien des ruines mais elles sont beaucoup plus modestes. Il est possible que les auteurs plus tardifs aient ressentis le besoin de "gonfler" la réalité pour la mettre en opposition avec l'ampleur du renoncement et de la vie ascétique menées ensuite par Siddharta Gautama en tant que Bouddha).

Pour moi c'est une des grandes différences entre les Religions (la foi) et l'histoire (dont l'archéologie). Les religions elles prétendent déjà savoir, elles délivrent souvent des vérités absolues qu'il est interdit ou fortement déconseillé de contester, il n'y a rien a trouvé, tout est déjà là. L'histoire, l'archéologie, les sciences connexes, elles, continuent de chercher, elles ne prétendent pas déjà tout savoir, on peut remettre en cause avec des éléments matériels découvert ou redécouverts. C'est ça qui est enthousiasmant je trouve, on continue de chercher, on découvre de nouvelles choses, c'est "vivant"