Aveux d’échec sur le retrait d’Afghanistan : quelles sont les erreurs de l’armée américaine ?

"Un échec stratégique". C’est en ces termes que plusieurs dirigeants du Pentagone viennent de qualifier le retrait américain d’Afghanistan. Des hauts gradés, auditionnés depuis plusieurs jours par le Sénat à Washington, qui reconnaissent des erreurs de jugements, une mauvaise évaluation de la situation sur le terrain. Ils estiment aussi que leurs recommandations n’ont pas toujours été suivies d’effets. Des généraux mais aussi des ministres à l’heure de l’autocritique. Quelles erreurs ont été commises ? À qui incombe la responsabilité de l’échec du retrait américain ?


Guillaume Erner reçoit Elie Tenenbaum, directeur du Centre des Études de Sécurité de l'IFRI, co-auteur avec Marc Hecker de "La Guerre de vingt ans. Djihadisme et contre-terrorisme au XXIe siècle", ed. Robert Laffont (2021)

Peut être que l'Amérique était économiquement en meilleure forme que l'URSS et donc elle a tenu plus longtemps ? Et les Américains ont aidé les Afghans contre les Russes en sous main. Est ce qu'actuellement les Russes ont aidé les Talibans à résister aux Américains ?

J'ai l'un de mes collègues de travail qui a un témoignage intéressant. Pourquoi ? Parce qu'il a fait plus de 20 ans dans l'armée française et 2 missions de 6 mois en Afghanistan justement. Et il m'a expliqué que l'armée française sur place était mieux vu des Talibans que l'armée américaine. Pourquoi ? Parce que ce qui intéressait les Américains c'était de s'imposer culturellement, militairement. Alors que la France elle voulait reconstruire et développer le pays. Mon collègue m'a même expliqué que, parfois, lors de certaines missions, les troupes françaises furent aidées en secret par les Talibans contre Daesh. Lui même après certaines missions a appris plus tard que si il s'en était parfois sorti avec sa troupe c'était grâce à l'aide des Talibans. Il m'a expliqué que contrairement aux islamistes de Daesh qui ont des visées expansionnistes mondiales, les Talibans sont nationalistes, c'est tout, c'est leur pays qui les intéresse, rien d'autre. Ils sont extrémistes religieux sous certains aspects mais il ne cherchent pas à exporter leur fanatisme.


Mon collègue pense que si c'était la France, soutenue par l'aide américaine, financière, qui avait eu en charge la situation sur place, et non l'armée américaine, cela se serait sans doute passé autrement. C'est son point de vue. Il a le mérite d'être basé sur une expérience de terrain. Au contact des populations. Et il m'a dit qu'il a vécu à la fois de très belles choses et des moments aussi qu'il ne souhaiterait pas à son pire ennemi ! Il en est revenu avec des traces... psychologiques.