James Madison, la liberté religieuse et la laïcité

10.12.2020

Un article intéressant de Antoine Imbert, Erwan Le Noan, paru dans Société, droit et religion, et disponible sur cairn.info, sur la conception de la laïcité et de la liberté religieuse aux Etats-Unis pensées par l'un des Pères Fondateurs, James Madison : James Madison, la liberté religieuse et la laïcité

Je retiens ce point important de l'article :

Pour les Français, la laïcité ne correspond plus tant aux deux piliers de 1905 qu’étaient la séparation des Églises et de l’État et la neutralité de la puissance publique, mais d’abord à un processus de sécularisation de la société, de « sortie de la religion ». Parallèlement, la France tolère en fait d’importantes interventions publiques dans le domaine religieux. Aux États-Unis, en revanche, la laïcité est une donnée politique et juridique qui affecte profondément le fonctionnement institutionnel : la puissance publique ne doit en aucune manière interférer dans le champ du religieux, et réciproquement. Rien ne s’oppose toutefois à l’expression des cultes dans la sphère publique.

Le miroir est ainsi inversé : société laïque et État interventionniste en France, société religieuse et État neutre aux États-Unis.

Anoushirvan a écrit:10.12.2020

Un article intéressant de Antoine Imbert, Erwan Le Noan, paru dans  Société, droit et religion, et disponible sur cairn.info, sur la conception de la laïcité et de la liberté religieuse aux Etats-Unis pensées par l'un des Pères Fondateurs, James Madison  : James Madison, la liberté religieuse et la laïcité

Je retiens ce point important de l'article :

Pour les Français, la laïcité ne correspond plus tant aux deux piliers de 1905 qu’étaient la séparation des Églises et de l’État et la neutralité de la puissance publique, mais d’abord à un processus de sécularisation de la société, de « sortie de la religion ». Parallèlement, la France tolère en fait d’importantes interventions publiques dans le domaine religieux. Aux États-Unis, en revanche, la laïcité est une donnée politique et juridique qui affecte profondément le fonctionnement institutionnel : la puissance publique ne doit en aucune manière interférer dans le champ du religieux, et réciproquement. Rien ne s’oppose toutefois à l’expression des cultes dans la sphère publique.

Le miroir est ainsi inversé : société laïque et État interventionniste en France, société religieuse et État neutre aux États-Unis.

Le concensus religieux est immense aux USA
1% de musulmans
1,8% de Juifs
1% de boudhistes
4% d'athées

Tous les autres sont chrétiens, il ne reste qu'un peu de différence entre les catholiques et les divers protestants, ce n'est pas étonnant que le paramètre de la religion ne soit pas clivant, cela explique en partie l'attitude décrite dans cet article.

Notons entre parenthèses les non pratiquants qui ne le disent pas et font semblant d'être croyants. Religieusement c'est une société lisse.
Sans doute comparable à ce qu'était la France en 1905, une majorité de catholique, peu d'athées, très peu de musulmans.

La France est une somme d'individus ce n'est pas un être abstrait.

D'un point de vue athée, la croyance est une aberration regardée un peu comme nous regardons le complotisme, les athées peuvent s'attendrir sur une croyante dans leur famille mais le reste du temps ils rechignent á subir des dictats religieux qui leur semblent déraisonnables et sortis d'un autre âge.

Donc ce glissement vers une moindre neutralité est compréhensible, il n'y a plus de cohésion autour du concept de Dieu en France.

En fait, ce que tu dis @Alice, c'est que la France, étant (nettement) moins religieuse que les États-Unis, a moins de scrupule à intervenir dans la vie religieuse, et donc est moins neutre vis-à-vis des religions.

Anoushirvan a écrit:En fait, ce que tu dis @Alice, c'est que la France, étant (nettement) moins religieuse que les États-Unis, a moins de scrupule à intervenir dans la vie religieuse, et donc est moins neutre vis-à-vis des religions.

Tu as dit cela dans une phrase très politiquement correctement là où je suis plus abrupte.

Du côté américain: puisqu'il y a un concensus religieux il est inutile de revenir sur des questions où tout le monde est d'accord. Du côté français la non croyance très majoritaire fait apparaître les croyants comme de doux illuminés empêcheurs de tourner en rond de surcroit.
Plus ou moins doux d'ailleurs car les musulmans ont le malheur de cumuler deux défauts: d'être croyants dans une nation non croyante majoritairement, et deuxièmement de pratiquer une religion non familière qui est elle-même en crise.

En fait vu le terrain, cela demande beaucoup plus d'effort à la France de s'astreindre d'être neutre puisque les croyants sont devenus incompris de la majorité.